En ce moment j'ai de la chance, je croise d'excellents livres.
Je ne suis pas une grande fan des prix littéraires. Je n'achète pas de livres en prenant en compte ce critère. J'ai même tendance à me méfier parfois. Aujourd'hui, je dois avoue que je vais devoir revoir ce jugement.
La première fois que j'ai entendu parler du roman du jour, ce fut dans les pages de Lire spécial rentrée littéraire.
Une magnifique critique donnait envie de se précipiter chez son libraire. Mais comme j'étais dans une période de restriction budgétaire, j'ai tenu bon. Puis, les émissions littéraires se sont reliées pour promouvoir le titre et finalement, il a reçu le prix Goncourt. Je me suis dit que j'allais attendre que ma bibliothèque municipale en fasse l'acquisition.
Puis le père Noël a retenu mon envie et dans mes cadeaux, j'ai trouvé ce titre :
Je sais la photo est très nulle mais j'ai fait avec les moyens du bord. Je vais m'y mettre un jour à la photo, mais quand ?
Pierre Lemaitre, Au revoir là-haut.
L'auteur : Je ne vous ferai pas la biographie de l'auteur car son succès de cet automne nous a permis de le découvrir. Pierre Lemaitre écrivait des romans policiers avant de rédiger cette histoire qui lui a donné sa reconnaissance. Je vais partir à la recherche des titres de cet auteur car j'ai passé un excellent moment.
L'histoire : Novembre 1918, la guerre doit prendre fin. Les hommes dans les tranchées le savent. Mais le jeune lieutenant Henri d'Aulney-Pradelle veut mener une dernière offensive pour remporter la cote 113. Parmi les soldats qui s'élancent, deux vont être liés à tout jamais par cette dernière percée.
D'un côté, le chanceux et fortuné, Édouard Péricourt et de l'autre, Albert Maillard, homme du peuple plus effacé que son camarade de combat. L'un va devenir une gueule cassée et l'autre va prendre soin de ce blessé qui refuse d'avoir recours aux balbutiements de la chirurgie plastique. Péricourt va profiter de la désorganisation des démobilisations pour changer d'identité et rompre avec son passé.
La France ne sait que faire de ses anciens combattants traumatisés. Elle préfère se tourner vers ses morts glorieux. Les deux hommes se retrouvent livrés à eux-mêmes et le retour à la vie civile se révèle bien difficile.
Certains jouent des coudées franches pour faire fortune. La France veut donner des sépultures décentes aux sacrifiés. Les villes et villages veulent commémorer et rendre hommage à leurs chers disparus. Pradelle et Péricourt vont utiliser des méthodes différentes pour répondre à ces besoins....
Mon avis : un excellent roman avec des intrigues allant crechendo pour mieux apaiser l'envie du lecteur.
Edouard et Albert sont des loosers magnifiques et attachants. Ils sont trop fragiles pour affronter la société des années 20 si désireuse de tourner la page et de glorifier la vie retrouvée. Difficile de faire sa place quand vous avez les stigmates du combat gravés dans votre chair ou votre âme.
Edouard, devenu un drogué pour faire face, se réfugie dans une créativité débordante pour survivre. Albert se doit d'affronter pour deux la réalité. Il n'a pas son pareil pour s'engluer dans les histoires impossibles.
De son côté, Henri affronte la vie comme naguère les champs de bataille. Mais la société n'a pas changé et a du mal à accepter un homme qui floue des barrières sociales et financières imposées par des vieilles élites qui n'ont pas combattu mais perdu leurs fils...
Un suspens se dégage du livre. Le style est moderne tout en respectant le contexte historique. La lecture est très agréable. Les personnages sont attachants ou haïssables à souhait. Il est difficile de ne pas tomber sous le charme de ce duo impossible.
J'étais réticente à l'idée de lire un livre sur la Première Guerre mondiale car ma famille paternelle a payé un lourd tribu. Mon arrière-grand-père est mort dans les premiers mois de combat laissant un fils de moins d'un an, une fille et une jeune veuve. De plus ma famille est meusienne. J'aurais difficilement supporté de trop grandes libertés avec l'histoire. Ce n'est pas le cas ici. De plus, ce n'est pas 14-18 le point central mais bien l'après et la reconstruction.
Un excellent moment qui met la pression pour choisir ma future lecture !